L’association Notre-Dame de Chrétienté fête aujourd’hui à Paris (messe solennelle célébrée à 10h30 en l’église Saint Roch) les quarante ans de son pèlerinage de Pentecôte vers Chartres.
Il y a quarante ans de cela, un groupe de jeunes catholiques français, réunis pour la troisième université d’été du Centre Charlier, lancent l’idée d’un renouveau du pèlerinage multiséculaire vers Notre-Dame de Chartres. En cette période d’incertitude historique et de vacillement apparent de la foi, ces chrétiens attachés à la tradition de l’Eglise voulaient se confier à la protection maternelle de la Vierge et enraciner la promesse de leur fidélité dans une démarche visible et missionnaire : un pèlerinage.
Depuis le IXe siècle, les cathédrales qui se sont élevées l’une après l’autre, chaque fois plus flamboyantes, sur la butte de Chartres, ont servi d’écrin à une relique hautement vénérée par les chrétiens : le voile de la Vierge, conservée à Constantinople puis transférée en France par Charlemagne et donnée à la cité beauceronne par son petit-fils Charles le Chauve. Les miracles se multiplient au XIIIe siècle, après la construction de l’édifice actuel, attirant une foule croissante de pèlerins. Marie est invoquée en particulier à Chartres pour protéger les femmes enceintes (le voile étant parfois pris pour la “chemise de la Vierge”). Les hautes flèches de la splendide cathédrale gothique consacrée sous le règne de saint Louis, visibles à des dizaines de kilomètres dans la plaine, rappellent aux marcheurs que le chemin de Chartres, qui serpente placidement dans les plates étendues de la Beauce, est avant tout une ascension vers le Ciel, à la suite Notre Dame, qui y est vénérée dans le mystère de son Assomption.
Le pèlerinage qui avait connu un déclin après le bas Moyen-âge et était quasi disparu au moment de la révolution, naquit de nouveau au XIXe siècle. À la fin du siècle de grands artistes convertis au catholicisme découvrent et font connaître Chartres. Huysmans publie en 1898 La Cathédrale, roman qui est avant tout un hymne magnifique à l’écrin du voile de Marie. Une prestigieuse cohorte s’élance à sa suite sur les chemins de Beauce : les Maritain, Bloy, Claudel, Psichari, Mauriac… Bientôt ce sera Charles Péguy qui les suivra, venu sur les conseils d’Henri Charlier supplier Notre Dame pour son enfant malade.
Son pèlerinage et le poème qu’il inspire seront à l’origine d’un grand renouveau entre deux guerres : les années 1930 voient des milliers d’étudiants s’élancer à leur tour sur les routes de Chartres, en particulier à chaque Pentecôte.
C’est dans cette illustre lignée qu’ont choisi de s’inscrire Bernard Antony, Rémi Fontaine et tous les marcheurs de Notre Dame, tels des “nains juchés sur des épaules de géants”. Le pèlerinage grandit rapidement et rassemble à nouveau des milliers de chrétiens dont chacun vient vers Marie le cœur plein d’intentions à déposer aux pieds de la Vierge mère, et dont pas un ne repart sans avoir reçu sur les chemins de Beauce une véritable grâce. Si l’on peut dénombrer le nombre de pas posés sur les sentiers désormais mythiques des vallées de la Bièvre ou de Chevreuse, du plateau de Saclay, de la forêt de Rambouillet ou de la plaine de Chartres, on ne peut plus compter les innombrables confessions et conversions données et reçues dans les quarante pèlerinages qui se sont succédés bon an mal an depuis l’été 1982.
Deux vidéos récemment réalisées viennent rehausser la célébration de ce bel anniversaire, l’une réalisée par l’association Notre-Dame de Chrétienté, l’autre par des amis pèlerins venus d’outre-Atlantique.