Le jubilé et l’année sainte 2025 seront pour beaucoup l’occasion d’un pèlerinage à Rome. Comment marquer particulièrement l’année jubilaire dans la Ville éternelle ? C’est l’occasion de présenter et de renouer avec une ancienne tradition : le pèlerinage aux sept basiliques. L’abbé Brice Meissonnier, curé de la paroisse personnelle de la Sainte-Trinité-Des-Pèlerins, nous présente l’institution.
Saint Philippe Néri et l’Archiconfrérie de la Sainte Trinité des Pèlerins
À l’occasion du Jubilé annoncé pour 1550, saint Philippe Néri fonda en 1548, dans le centre historique de Rome, l’Archiconfrérie de la Très Sainte Trinité des Pèlerins et des Convalescents. Originaire de Florence, saint Philippe Néri vécut d’abord dans le quartier des Florentins, juste de l’autre côté du Tibre quand on vient du Vatican. De là il s’écarta un peu, tout en restant près du Tibre, pour s’installer dans ce qui est aujourd’hui le quartier du Campo dei Fiori et du palais Farnèse (actuel siège de l’ambassade de France auprès de l’Italie).
Il s’était rendu compte que les pèlerins parvenaient à Rome dans des conditions épouvantables. La plupart arrivaient à pied et beaucoup avaient été attaqués et rançonnés le long du chemin. Philippe Néri était conscient qu’il n’y avait aucune structure pour les accueillir, les loger, ni même les nourrir. Les pèlerins dormaient le plus souvent dans les rues ou devant les églises. Ils devaient mendier leur nourriture, qu’ils finissaient souvent par voler. Aucune des conditions qui permettaient de faire un bon et fructueux pèlerinage n’était assurée.
Le développement de l’œuvre
Il se dévoua à accueillir, servir et nourrir les pèlerins. Ainsi naquit donc l’Archiconfrérie de la Trinité des Pèlerins. D’abord très modeste, l’œuvre connut un développement considérable, grâce à l’engagement et à la personnalité de saint Philippe. Beaucoup le rejoignirent : des cardinaux, des princes, de hautes personnalités de la ville, mais aussi beaucoup d’hommes et de femmes qui voulaient suivre son exemple. Le pape Paul IV donna à l’Archiconfrérie la petite église Saint-Benoît, proche du palais Spada. Elle devint le siège de l’œuvre et saint Philippe commença à développer un hôpital pour l’accueil gratuit des pèlerins. L’église fut reconstruite et devint l’actuelle église de la Trinité des Pèlerins, à cent mètres du Palais Farnèse, au niveau du pont Sixte. Depuis 2008, c’est une paroisse personnelle confiée à la Fraternité Saint-Pierre pour la célébration du rit romain antique.
Lors du Jubilé de 1700, les confrères accueillirent plus de trois cent mille pèlerins, et environ quatre cent mille lors de celui de 1750. Les papes prirent l’habitude, durant la Semaine Sainte, de venir à la Trinité des Pèlerins pour accomplir le rituel d’accueil, c’est-à-dire le lavement des pieds et le service à table pour le dîner. Le dernier pape qui vint accomplir ce beau geste fut le bienheureux Pie IX, en 1870, quelques mois avant l’invasion de Rome par les Piémontais. À partir de cette date, l’État italien transforma l’hôpital en hospice pour vieillards, qui finalement fut détruit après la seconde guerre mondiale et remplacé par des logements. Malgré tout, l’Archiconfrérie a subsisté jusqu’à aujourd’hui. Elle a, par la force des choses, un peu changé ses activités, ne pouvant plus accueillir matériellement les pèlerins. Mais elle mène toujours des actions caritatives auprès des plus démunis.
L’Archiconfrérie aujourd’hui
Pour le jubilé de 2025, l’Archiconfrérie tient à renouer avec son histoire et sa vocation d’origine. Tous les samedis, de dix heures à midi, dans une salle attenante à l’église, elle propose donc aux pèlerins qui le souhaitent l’antique cérémonie du lavement des pieds[1]inscription obligatoire par courriel : arciconfraternitatrinita@gmail.com. Ce rituel émouvant pourra symboliser pour le pèlerin le début de sa démarche jubilaire, dans le but d’un renouvellement complet de sa vie chrétienne. Les confrères remettront aux pèlerins une carte-souvenir commémorant leur passage à la Trinité des pèlerins et le lavement de leurs pieds. Ils seront encouragés à entreprendre le pèlerinage des sept églises : Saint-Pierre au Vatican, Saint-Paul-hors-les-murs, Saint-Jean-de-Latran, Sainte-Marie-Majeure, Sainte-Croix-de-Jérusalem, Saint-Sébastien-hors-les-murs et Saint-Laurent-hors-les-murs. La visite des quatre premières basiliques majeures est nécessaire pour obtenir l’indulgence plénière du Jubilé, celle des trois autres pour honorer l’une des plus anciennes dévotions des pèlerins romains, tant aimée et répandue par saint Philippe Néri.
Références[+]
↑1 | inscription obligatoire par courriel : arciconfraternitatrinita@gmail.com |
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