Patron des pêcheurs et autres poissonniers, patron de l’Écosse, fêté le 30 novembre, qui est saint André, souvent nommé aux côtés du bouillant saint Pierre mais moins connu que son frère ?
Au départ : un simple pêcheur
Qui est saint André, que nous fêterons le 30 novembre ? Au départ, un inconnu. Un pêcheur anonyme, sur la mer de Galilée, aux confins de l’empire, loin, bien loin du centre du monde qu’est Rome, la ville éternelle. Qui est André ? Un juif pieux, qui cherche à faire la volonté de Dieu, et qui pour cela prêtait l’oreille aux prédications d’un prophète radical appelé Jean le Baptiste, celui qui vivait au désert, mangeant peu, priant beaucoup, et appelant ses contemporains à la pénitence. Qui est André ? Un fils et un frère, qui travaille avec son frère Simon, pour ramener suffisamment de poisson pour assurer la vie de la famille. En bref, André, ce n’est pas quelqu’un d’important.
Pourtant, son nom a traversé les siècles, parce qu’il a un jour croisé le chemin du Christ, et qu’il l’a suivi. Cela se passait près du Jourdain. Alors qu’il était près du Baptiste, comme Jésus passait auprès d’eux, il l’entendit déclarer: « Voici l’Agneau de Dieu ». Interloqué, André suit cet homme, et accède à sa demande : « Venez, et voyez ». Cet événement change sa vie : à partir de ce moment, André devient disciple[1]C’est ce que l’on peut déduire du récit de saint Jean (Jn 1, 35-42) ; chez saint Matthieu et saint Marc en revanche, Pierre et André sont appelés ensemble par le Christ, et … Continue reading.
Un disciple du Seigneur
Il ne put garder pour lui la bonne nouvelle de la rencontre avec Jésus : très vite, il retourne auprès de son frère : « nous avons trouvé le Messie! » Et Simon, qui l’écoute, le suit et le laisse l’introduire auprès du Christ : André commence déjà son travail de disciple, de chrétien, d’entremetteur entre les hommes et Dieu ! Ce rôle, il le joua encore lorsque des païens demandèrent à voir Jésus : ils s’étaient adressés pour cela à Philippe ; et Philippe choisit de passer par André pour cela ! Et lorsqu’il s’est agit de nourrir cinq mille personnes, c’est lui qui dresse le constat : il n’y a pour l’instant que cinq pains et deux poissons : que faire ? Ce zèle et cette confiance droite qui le caractérisent sont sans doute une raison pour laquelle, lorsque Notre Seigneur appela à Lui certains des disciples pour devenir ses plus proches collaborateurs, ses apôtres, André fit partie de l’équipe des douze.
Compagnon du Christ durant sa vie publique, ordonné prêtre lors de la Cène du Jeudi Saint, témoin de la Résurrection puis de l’Ascension, enfin réceptacle de l’Esprit Saint lors de la Pentecôte, André fut comme les autres apôtres embrasé d’un zèle de charité qui le poussa à partir évangéliser la terre. Après quelques temps d’hésitation sur la marche à suivre (commencer par la Terre Sainte, s’éloigner?). La Providence vint suggérer un plan d’expansion : entre le formidable réseau routier qu’étaient les voies romaines, qui facilitaient les déplacements rapides au sein de l’empire, la paix romaine qui favorisait les mouvements, et a contrario la fermeture de la synagogue aux chrétiens, qui alla jusqu’aux persécutions et rendit Judée et Galilée inhospitalières, tout les éléments convergèrent pour un départ des apôtres au-delà des frontières de la Terre Sainte. À André échut la direction du Pont-Euxin, de l’Achaïe, de l’Épire : ce qui correspond à la Grèce et aux régions plus au nord, ainsi que le territoire des Sythes, au nord de la mer noire. C’est dans ces régions qu’il déploya son zèle apostolique, toujours prêt à rendre compte de l’espérance qui l’animait, proclamant partout Jésus-Christ, Seigneur, Sauveur ressuscité, et baptisant les nations au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit.
Un apôtre, évangélisateur infatigable
Sa prédication était triple : par la parole, par l’exemple, et par les miracles qu’il accomplissait, selon la promesse du Christ : « En vérité, en vérité, je vous le dis, celui qui croit en moi fera, lui aussi, les œuvres que je fais ; et il en fera même de plus grandes » (Jn 14,12). Promesse qui n’est pas réservée aux apôtres, mais à toute personne qui croit !
Le résultat de tout cela ? Les gens de bonnes volontés se convertirent, partout des églises locales fleurirent, le salut était proposé à tous et de plus en plus de personnes se détournaient du culte des idoles pour se convertir, s’attacher au seul vrai Dieu. André avait du succès. Or ce succès dérangeait certains : il dérangeait le diable, prince de ce monde, qui le gouvernait par les idoles, il dérangeait les adeptes des religions dont les membres se convertissaient, il dérangeait l’organisation politique et sociale de la société parce que cette religion étrange, cette secte juive dissidente qui se répandait partout niait les autres divinités et demande une conversion, un changement de vie et de mœurs. Tous n’étaient pas prêt à accepter cela.
Un martyr témoin de sa foi, jusqu’à l’entrée dans la Vie.
Alors qu’il se trouvait en Grèce, dans la ville de Patras, André fut arrêté par le juge Égée. De quoi l’apôtre était-il coupable ? Officiellement, d’impiété par rejet du culte aux idoles, officieusement peut-être le juge avait-il une raison supplémentaire de lui en vouloir : l’épouse d’Égée avait en effet fait profession de christianisme, suite à l’enseignement de saint André. C’est donc un homme à la fois juge et partie qui se chargea du procès de l’apôtre.
L’interrogatoire fut pour le disciple l’occasion de faire une prédication de la religion, mais le cœur du juge Égée resta sec, ses oreilles fermées à la vérité, ses yeux aveugles à la lumière qui lui était proposée. Pour lui, André n’avait qu’une alternative : sacrifier aux idoles, ou mourir. Et puisque ce Jésus, dont André ne cessait de parler, était mort sur une croix, pourquoi ne pas donner la même mort à celui-là ? Comment pouvait-il croire qu’un homme, rabaissé par ce supplice au rang des pires criminels, puisse être Dieu ?
Aux questions en ce sens, saint André répondit, selon la tradition que rapportent les écrits des pères de l’Église : « Il est vrai que Jésus a été attaché à une croix ; mais qu’y a-t-il de plus noble et de plus glorieux que cette croix ? Il y a été attaché pour notre amour et pour la rédemption de tout le genre humain. C’est sa charité immense qui l’a porté, et j’en suis témoin moi-même, ayant ouï souvent de sa propre bouche les prédictions de sa mort, et les assurances qu’il nous donnait qu’il était nécessaire qu’il fût immolé pour le salut du monde ».
Tout comme dans le procès du Christ, il n’y eut pas de motif réel de condamnation. André refusait de sacrifier aux dieux, de changer de position : donc il allait mourir. Égée le condamna d’abord au supplice du chevalet, puis il décida de le faire crucifier. Mais pour augmenter le martyre de cet homme sans défense, il décida qu’il ne serait point cloué sur la croix, mais seulement attaché avec des cordes. Preuve d’humanité, de la part d’un juge qui veut limiter les souffrances ? Ou plutôt preuve de machiavélisme, d’un tortionnaire qui sait que la croix tue lentement, par asphyxie, non par les blessures directes ; et qui veut ainsi faire durer l’agonie, prolonger les souffrances de celui qui lui tient tête. Et malgré cela, saint André accueille la croix avec reconnaissance : « O charmante croix, qui avez acquis une beauté incomparable par les divins membres de mon Seigneur ! Ô croix longtemps désirée ! Ô croix aimée avec ardeur ! » Parce que le Christ est mort sur la croix, notre saint tient pour un honneur d’avoir une mort similaire à la sienne.
Il rendit son âme à Dieu, environné d’une grande lumière, vers l’an 60 de notre ère. Il est maintenant au Ciel auprès du Christ : n’hésitons pas à lui demander de jouer à nouveau son rôle d’intermédiaire, d’entremetteur, pour qu’il nous obtienne du Seigneur les grâces dont nous avons besoin aujourd’hui pour être saints, apôtres, en un mot : chrétiens !