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Qu’est-ce qu’un jubilé ?

Juste avant la messe de la nuit de Noël, le pape François a ouvert solennellement, pour la deuxième fois de son pontificat, la Porte Sainte de la basilique Saint-Pierre. Par ce geste symbolique et très impressionnant, le Saint-Père a initié un événement majeur dans la vie de l’Église et de la Ville éternelle :  un Jubilé, une année Sainte. Il s’agit du vingt-septième Jubilé ordinaire de l’histoire de l’Église, depuis la création de ces événements en 1300. Entre trente et quarante millions de pèlerins sont attendus à Rome pendant toute l’année 2025 (dont six millions de Français).

Qu’est-ce qu’un Jubilé ?

Dans la Tradition catholique, le Jubilé est un grand événement religieux qui n’a lieu que tous les vingt-cinq ans. C’est une année de grâce, de réconciliation, de renouvellement spirituel et de pardon des fautes. C’est aussi une année où l’Église invite les chrétiens à se convertir, à se tourner toujours plus vers le Christ. C’est donc une année où les croyants sont engagés à plus de charité et de ferveur, mais aussi à plus d’espérance, de justice et d’engagement au service de Dieu, dans la joie. Pour cela les fidèles doivent accomplir des actions extérieures et intérieures.

On distingue les Jubilés ordinaires et les Jubilés extraordinaires. Les ordinaires n’ont lieu que tous les vingt-cinq ans, comme celui de l’an 2000 ou celui de cette année. Mais les papes peuvent décider de convoquer aussi des jubilés extraordinaires, à l’occasion d’un événement d’une particulière importance. Cette option remonte au 16e siècle et la durée de ces Jubilés varie de quelques jours à une année. Les dernières Années Saintes extraordinaires ont été celles de 1983, convoquée par le pape Jean-Paul II pour le 1950e anniversaire de la Rédemption, de 1987 pour l’Année Mariale et de 2016 pour le Jubilé de la Miséricorde. 

 

Origine et histoire 

L’origine du Jubilé remonte à l’Ancien Testament. La Loi de Moïse avait créé, pour le peuple hébreu, une année particulière, tous les cinquante ans. C’était l’occasion d’effacer les peines et les dettes : « vous déclarerez sainte cette cinquantième année et proclamerez laffranchissement de tous les habitants du pays. Ce sera pour vous un jubilé » lit-on dans le livre du Lévitique (Lv 25,10). La trompette avec laquelle on annonçait cette année particulière était une corne de bélier, qui s’appelle en hébreu « yôbel », d’où dérive donc le mot « jubilé ».

Pour les Hébreux, cette année jubilaire s’ouvrait par des rites de purification et des sacrifices d’animaux, avec l’expulsion dans le désert du bouc émissaire et un jeûne rigoureux. C’était la figure de nos années saintes, de nos Jubilés, qui voient remettre aux pécheurs leurs fautes, les libèrent de l’esclavage de leurs passions et les aident à se réconcilier avec Dieu et le prochain.

Le premier Jubilé ordinaire de l’histoire de l’Église fut convoqué en 1300 par le pape Boniface VIII. Il fut inspiré par l’effort de spiritualité, de pardon, de fraternité qui se répandait alors dans toute la chrétienté, en opposition aux haines et aux violences qui prédominaient à cette époque. Le pape promit que les fidèles qui visiteraient la basilique Saint-Pierre recevraient une « rémission très complète de leurs péché». Par la suite, on ajouta les trois autres basiliques majeures (Saint Paul hors-les-murs, Saint Jean de Latran et Sainte Marie Majeure). 
L’énorme affluence des pèlerins à Rome amena Boniface VIII à accorder l’indulgence plénière pendant toute l’année 1300, et à décider que soit renouvelé ce Jubilé tous les cent ans. Le pape Clément VI abaissa la fréquence à cinquante ans et Paul II à vingt-cinq ans. Parmi les pèlerins du premier Jubilé de 1300, on peut citer Dante (qui en parle dans le Chant du Paradis de la “Divine Comédie“), ou encore Giotto. 

En 1500, Alexandre VI voulut que les Portes Saintes des quatre basiliques majeures soient ouvertes en même temps, tout en se réservant l’ouverture de la Porte Sainte de Saint-Pierre. En 1575, sous le pontificat de Grégoire XIII, plus de trois cent mille personnes de toute l’Europe vinrent à Rome. 

Au 19e siècle, il n’y eut qu’un seul réel Jubilé. La situation difficile de l’Église au temps de Napoléon ne permit pas à Pie VII de convoquer celui de 1800. En revanche, plus d’un demi-million de personnes vinrent à Rome en 1825. Mais vingt-cinq ans plus tard, l’Année Sainte ne put avoir lieu à cause des événements liés à l’avènement de la République romaine, entraînant l’exil temporaire de Pie IX. Il put toutefois convoquer le Jubilé de 1875, mais privé des cérémonies d’ouverture et de fermeture de la Porte Sainte, et donc de toute solennité, à cause de l’occupation de Rome par les troupes de Victor-Emmanuel II. 
Il revint à Léon XIII de convoquer le vingt-deuxième Jubilé pour le début du 20e siècle. C’est au cours du Jubilé de 1950 que le pape Pie XII proclama le dogme de l’Assomption de la Vierge Marie. Enfin, en l’an 2000, le plus grand Jubilé de l’histoire fut convoqué par le pape Jean-Paul II, pour célébrer les deux mille ans de la naissance du Christ. Plus de trente millions de pèlerins convergèrent vers Rome pour cette Année Sainte, qui était la première entre la fin d’un millénaire et le début d’un autre. Ce Jubilé était présenté comme une grande prière de louange et d’action de grâce pour le don de l’Incarnation du Fils de Dieu et de la Rédemption.

But et importance 

Le Jubilé est appelé communément “Année Sainte“, non seulement parce qu’il commence, se déroule et se conclut par des rites sacrés, mais aussi parce qu’il est destiné à promouvoir la sainteté de vie. Il a été institué pour encourager la foi et favoriser les œuvres de charité, tout en stimulant la communion fraternelle au sein de l’Église et dans la société. Le pape François, dans la Bulle Spes non confundit, le définit comme « le temps (…) au cours duquel la Porte Sainte sera à nouveau grande ouverte pour offrir lexpérience vivante de lamour de Dieu ». Il rappelle en outre qu’aujourd’hui : « oublieuse des drames du passé, lhumanité est soumise à une nouvelle et difficile épreuve qui voit nombre de populations opprimées par la brutalité de la violence ».  Il appelle donc tous les chrétiens à se faire « pèlerins despérance ».

 

Le Jubilé de 2025 a plusieurs objectifs :

– Pardon et Réconciliation : un des objectifs centraux du Jubilé est de favoriser la réconciliation avec Dieu et avec les autres. Dans ce but, l’Église accorde des indulgences, qui offrent aux croyants la possibilité de se libérer des conséquences du péché. Cela se fait par la confession et par des pèlerinages, des prières et des actes de charité. Le premier des pèlerinages est bien sûr celui de Rome.

– Unité des Chrétiens : le Jubilé est aussi une occasion de renforcer l’unité entre les catholiques du monde entier, ainsi qu’entre les différentes confessions chrétiennes. L’unité dans la diversité des traditions chrétiennes est un thème important du Jubilé.

Solidarité et Paix : dans un monde marqué par les conflits de tout ordre, le Jubilé invite à la solidarité entre les peuples et au respect de la dignité humaine, par des actions bien concrètes. C’est un appel à la paix et à la justice, des valeurs essentielles du message chrétien.

– Spiritualité et Conversion : le Jubilé est avant tout un moment de renouvellement spirituel. C’est un appel à la conversion, à la prière et à la méditation. Le pèlerinage à Rome, avec la visite des quatre basiliques majeures et le passage des portes saintes, est au cœur de cet engagement spirituel.

– Célébration de lhistoire de l’Église : ce Jubilé marquera aussi le 725e anniversaire du premier Jubilé, institué en 1300 par le pape Boniface VIII. Il aura une dimension particulière, car il réunira certainement le plus grand nombre de pèlerins jamais venu pour un Jubilé. Leur pèlerinage favorisera leur amour filial pour la Sainte Église et donc son unité autour de l’apôtre Pierre et de ses successeurs.

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