
Chemin de carême avec Claves.org : Vendredi après les Cendres
Lecture du Prophète Isaïe.
“Ainsi parle le Seigneur Dieu : Crie à plein gosier, ne te retiens pas ; fais retentir ta voix comme la trompette, et dénonce à mon peuple son péché, à la maison de Jacob ses iniquités. Ils me cherchent chaque jour, et ils veulent connaître mes voies, comme une nation qui aurait pratiqué la justice ; et n’aurait pas abandonné le commandement de son Dieu ; Ils me demandent des jugements justes, ils veulent que Dieu s’approche. “Que nous sert de jeûner, si vous ne le voyez pas, d’humilier notre âme, si vous n’y prenez pas garde ?” Au jour de votre jeûne, vous faites vos affaires et vous pressez au travail tous vos mercenaires. Voici, c’est en vous disputant et vous querellant que vous jeûnez ; jusqu’à frapper du poing méchamment ! Vous ne jeûnez pas en ce jour, de manière à faire écouter votre voix en haut. Est-ce à un jeûne pareil que je prends plaisir ? Est-ce là un jour où l’homme humilie son âme ? Courber la tête comme un jonc, se coucher sur le sac et la cendre, est-ce là ce que tu appelles un jeûne, un jour agréable au Seigneur ? Le jeûne que je choisis ne consiste-t-il pas en ceci : détacher les chaînes injustes, délier les nœuds du joug, renvoyer libres les opprimés, briser toute espèce de joug ? Ne consiste-t-il pas à rompre ton pain à celui qui a faim, à recueillir chez toi les malheureux sans asile ; si tu vois un homme nu, à le couvrir, à ne point te détourner de ta propre chair ? Alors ta lumière poindra comme l’aurore, et ta guérison germera promptement ; ta justice marchera devant toi ; la gloire du Seigneur sera ton arrière garde. Alors tu appelleras, et le Seigneur répondra, tu crieras, et il dira : “Me voici !” Car je suis miséricordieux, moi le Seigneur votre Dieu.” (Is 58, 1-9)
Dans ce passage du prophète Isaïe, Dieu parle à son peuple. Il entend la voix des hommes qui voudraient faire sa rencontre, mais qui n’y parviennent pas.
Que répond alors le Seigneur ? Que pour faire sa rencontre, il ne suffit pas de suivre la lettre de la Loi, aussi importante soit-elle, si l’on reste dans l’infidélité à l’esprit de la Loi, qui est d’offrir d’un cœur véritablement pur, un cœur agréable au Seigneur.
La rencontre du Seigneur, dans ce Carême, est toute similaire. À quoi nous servirait de mortifier notre corps si nous n’abaissions pas notre âme jusqu’à une véritable humilité devant Dieu et devant les hommes ? À quoi nous servirait de mortifier nos sens, si cette mortification n’était pas pour nous l’occasion de contempler Dieu ?
C’est dans la miséricorde que Dieu se complait. C’est-à-dire dans la vision de notre propre misère d’abord, dans son acceptation ensuite, et enfin dans son offrande à Dieu. C’est en vivant cette miséricorde du Seigneur, et les œuvres qui s’y rattachent, que se trouve le véritable service de Dieu.
Disons donc que notre jeûne et nos efforts doivent avant tout exprimer la vérité de notre misère, la vérité de notre insuffisance. Après m’être cru autosuffisant, sans fragilité, assez fort pour vivre sans Dieu, maintenant je vois que sans Dieu mon péché me noie, mon péché m’engloutit. Si je ne vois avec sincérité la laideur de mon âme lorsqu’elle est privée de Dieu, alors tous mes efforts de Carême seront vains.
Il ne s’agit pas pour autant de se complaire dans cette vision, ou par mollesse ou par habitude. C’est le grave danger qui nous guette tous : celui de vivre en bonne intelligence avec notre péché, de lui laisser la place qu’il réclame, et de ne donner à Dieu qu’une part de notre cœur. Laisser grandir le péché, c’est comme laisser grandir un monstre : un jour, ce ne seront plus seulement quelques coups qu’il nous donnera, mais la mort. Et si je ne l’arrête pas aujourd’hui, maintenant, demain le mort ce sera moi, mon cœur, ma pureté, et toute ma vie intime avec Dieu.
Il faut donc faire servir tous mes sens à contempler Dieu. Ma bouche sert à manger ? Elle servira à louer Dieu. Mes pieds à marcher ? Ils serviront à porter la parole de Dieu. Mes mains à créer et à donner ? Elles seront au service de Dieu à travers mon prochain .
Le cœur de l’homme n’est pas fait pour la Loi, mais pour Dieu. “Me voici !” nous dit le Seigneur. “Car je suis miséricordieux, moi le Seigneur votre Dieu.”