Chemin de carême avec Claves.org : samedi de la troisième semaine de carême
« En ce temps-là, Jésus se rendit sur la montagne des Oliviers. Et, de grand matin, il vint de nouveau dans le temple, et tout le peuple vint à lui ; et s’étant assis, il les enseignait. Alors les scribes et les pharisiens lui amenèrent une femme surprise en adultère ; et ils la placèrent au milieu de la foule. Et ils dirent à Jésus : Maître, cette femme vient d’être surprise en adultère. Or Moïse, dans la loi, nous a ordonné de lapider ces femmes-là. Vous donc, que dites-vous ? Ils disaient cela pour le tenter, afin de pouvoir l’accuser. Mais Jésus, se baissant, écrivait avec son doigt sur la terre. Et comme ils persistaient à l’interroger, il se releva, et leur dit : Que celui d’entre vous qui est sans péché lui jette la pierre le premier. Puis, se baissant de nouveau, il écrivait sur la terre. Mais, ayant entendu cela, ils se retirèrent l’un après l’autre, en commençant par les plus âgés ; et Jésus demeura seul avec cette femme, qui était debout au milieu. Alors Jésus, se relevant, lui dit : Femme, où sont ceux qui t’accusaient ? Personne ne t’a-t-il condamnée ? Elle dit : Personne, Seigneur. Jésus lui dit : “Moi non plus, je ne te condamnerai pas ; va, et désormais ne pèche plus ». (Jn 8, 1-11)
L’adultère, c’est l’image que la Bible utilise pour parler des infidélités des Hébreux. La relation intime que Dieu veut nouer avec nous, l’Ancien Testament la présente comme une « alliance ». Autrement dit, une histoire d’amour, un mariage entre Dieu et sa bien-aimée, sa fiancée, son épouse : nous, notre humanité. Or, cette alliance a été trahie à maintes reprises par les infidélités répétées. En remontant à celle d’Adam et Ève dans le paradis terrestre, c’est l’humanité tout entière qui trahit, depuis le commencement, l’amour dont Dieu l’a enveloppé.
Cette femme anonyme est donc la figure de notre condition pécheresse. Je suis misérable, oui, mais le Juge ne condamne pas. La réponse de Dieu à notre misère, c’est la miséricorde.
Cette réponse, Jésus l’a écrite sur le sol. Dans l’Ancien-Testament, il y a au moins deux passages où le doigt de Dieu écrit sur la terre des hommes. Le premier, c’est au moment où Dieu grave les commandements sur des tables de pierre. Le premier de tous ces commandements, justement, prescrit aux Israélites d’aimer Dieu de tout leur cœur : de n’adorer que Lui, seul. Mais, au moment même où Moïse apporte ces tables, le peuple vient de se tourner vers le veau d’or et de faire voler en éclats le pacte d’Alliance !
Le second passage, c’est dans le Livre de Daniel. La main de Dieu apparaît pour écrire sur le mur du palais la sentence qui condamnera à mort le roi de Babylone, car il a profané les vases du Temple de Jérusalem au cours d’une beuverie avec ses courtisans.
Quand la main de Dieu trace des lettres, c’est une lettre qui accuse et qui condamne. Une « lettre » qui « tue », comme le dira saint Paul (2 Co 3, 6), parce que, objectivement, l’humanité est incapable d’honorer les termes du contrat de mariage signé entre Dieu et elle.
Eh bien cette main divine, en Jésus, nouveau législateur, voilà qu’elle porte aujourd’hui la Loi à son achèvement, à sa plénitude. Cette main qui nous a façonnés à partir de la poussière du sol trace dans la même poussière non pas la sentence de notre condamnation, mais des mots qui soulèvent notre péché dans la lumière d’un amour infini.
Quelle libération, aussi, pour nos cœurs inquiets, quand on découvre que Dieu ne retient pas les péchés et qu’un chemin de conversion peut encore s’ouvrir, jusqu’au bout.
Sans la poussière on ne verrait pas la lumière danser. Prenons donc conscience que l’abîme de nos misères appelle l’abîme des miséricordes de Dieu, que dans notre faiblesse se manifeste la toute-puissance de Dieu. Alors à l’approche de la Passion pourquoi ne pas mettre cela en pratique en allant confier nos chutes au médecin des âmes au confessionnal, tribunal de la miséricorde ?