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Les papes et le saint curé

chapelle de la Providence d'Ars-sur-Formans
Le 4 août 1858 s’éteignait à Ars celui que tous appelaient déjà le « saint Curé ». Canonisé en 1925 et proclamé par Pie XI patron des curés du monde entier, saint Jean-Marie Vianney inspire profondément les papes et leur méditation sur le sacerdoce.

 

La dévotion de Jean-Paul II pour l’humble curé d’Ars n’était un secret pour personne. Lors de son passage à Ars le 6 octobre 1986, il l’a de nouveau proposé à la dévotion des prêtres et séminaristes, rappelant que ce prêtre effacé et discret reste un modèle pour toute âme sacerdotale. Avec saint Jean-Marie Vianney, dit Jean-Paul II, c’est le Christ qui s’est arrêté à Ars :

Ainsi donc le Christ s’est bien arrêté ici, à Ars, au temps où Jean-Marie Vianney y était curé. Oui, il s’est arrêté. II a vu « les foules » des hommes et des femmes du siècle dernier qui « étaient fatiguées et abattues, comme des brebis sans berger » (Mt 9, 36).

Le Christ s’est arrêté ici comme le Bon Pasteur. « Un bon pasteur, un pasteur selon le cœur de Dieu, disait Jean-Marie Vianney, c’est là le plus grand trésor que le Bon Dieu puisse accorder à une paroisse et un des plus précieux dons de la miséricorde divine ».

Et de ce lieu, le Christ a dit à ses disciples, comme autrefois en Palestine, il a dit à toute l’Église qui est en France, à l’Église répandue par toute la terre: « La moisson est abondante et les ouvriers sont peu nombreux. Priez donc le Maître de la moisson d’envoyer des ouvriers pour sa moisson » (Mt 9, 37-38). Aujourd’hui, il le dit pareillement, car les besoins sont immenses, pressants.

Un ouvrier de la moisson du Seigneur

Le jeudi saint de la même année, le pape avait voulu méditer sur le défi évangélique posé au monde par la figure du saint Curé :

Son exemple ne saurait tomber dans l’oubli. Nous avons plus que jamais besoin de son témoignage, de son intercession, pour affronter les situations de notre temps, où, malgré un certain nombre de signes d’espérance, l’évangélisation est contrariée par une laïcisation croissante, où l’on néglige l’ascèse surnaturelle, où beaucoup perdent de vue les perspectives du Royaume de Dieu, où souvent, même dans la pastorale, on se préoccupe trop exclusivement de l’aspect social, des objectifs temporels. Le Curé d’Ars a dû affronter au siècle dernier des difficultés qui avaient peut-être un autre visage, mais qui n’en étaient pas moins grandes. Par sa vie et par son action, il a constitué, pour la société de son temps, comme un grand défi évangélique qui a porté des fruits étonnants de conversion. Ne doutons pas qu’il présente aujourd’hui encore pour nous ce grand défi évangélique

Une existence sacrifiée et cachée en Dieu

À l’occasion de l’année sacerdotale 2008-2009, Benoît XVI eut à cœur de mettre à l’honneur la figure du pasteur d’Ars, insistant notamment sur l’humilité du saint Curé face au mystère du sacerdoce :

 Le saint curé d’Ars manifesta toujours une très haute considération du don reçu. Il affirmait : « Oh! Quelle grande chose que le sacerdoce ! On ne le comprendra bien qu’une fois au Ciel… Si on le comprenait sur la terre, on mourrait, non d’effroi mais d’amour! »

Benoît XVI notait le caractère éminemment traditionnel et sacrificiel de l’existence de saint Jean-Marie Vianney, à l’école du Christ-prêtre :

Dans le service pastoral, aussi simple qu’extraordinairement fécond, ce curé anonyme d’un village isolé du sud de la France parvint si bien à s’identifier à son ministère, qu’il devint, également de manière visible et universellement reconnaissable, alter Christus, image du Bon Pasteur, qui à la différence du mercenaire, donne la vie pour ses brebis (cf. Jn 10, 11). À l’exemple du Bon Pasteur, il a donné la vie au cours des décennies de son service sacerdotal. Son existence fut une catéchèse vivante, qui trouvait une efficacité toute particulière lorsque les personnes le voyaient célébrer la Messe, s’arrêter en adoration devant le tabernacle ou passer de longues heures dans le confessionnal.

Une figure pour aujourd’hui

Enfin Benoît XVI répond par avance aux critiques qui n’ont pas manqué de lui être faites en relevant l’actualité profonde et brûlante de la figure du saint Curé d’Ars et la source d’inspiration qu’il doit encore représenter pour les prêtres du XXIe siècle.

 Alors, loin de réduire la figure de saint Jean-Marie Vianney à un exemple, même admirable, de la spiritualité dévotionnelle du XIXe siècle, il est nécessaire au contraire de saisir la force prophétique qui distingue sa personnalité humaine et sacerdotale d’une très grande actualité. Dans la France post-révolutionnaire qui faisait l’expérience d’une sorte de « dictature du rationalisme » visant à effacer la présence même des prêtres et de l’Église dans la société, il vécut, d’abord – pendant sa jeunesse – une clandestinité héroïque en parcourant des kilomètres dans la nuit pour participer à la messe. Puis – comme prêtre – il se distingua par une créativité pastorale singulière et féconde, en mesure de montrer que le rationalisme, qui régnait alors sans partage, était en réalité loin de satisfaire les authentiques besoins de l’homme et qui, en définitive, n’était pas vivable.

Le Saint-Père François reprenait dernièrement cette méditation de ses prédécesseurs en proposant le modèle de saint Jean-Marie Vianney non seulement aux curés du monde entier mais à tous les prêtres, dans la lettre qu’il leur adressa le 4 août 2019, à l’occasion de 160 ans de la mort du Curé d’Ars.

 

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