Un nouvel outil au service de l’annonce de l’évangile : CatéGPT, intelligence artificielle 100% catholique, pour mettre à la portée de nos contemporains l’enseignement de l’Eglise. Claves a testé – et aimé – l’outil mis en place par une jeune équipe de chrétiens innovants dans l’esprit traditionnel de l’Eglise.
CatéGPT : outil innovant au service de l’évangélisation
L’homme du XXIème siècle n’a pas totalement perdu son âme, en dépit des apparences, mais bien souvent l’habitude de l’utiliser. Il a dans la poche un outil à la fois fantastique et terrible, auquel il délègue une part croissante des fonctions de son cerveau : le smartphone est l’intermédiaire obligé de nos relations sociales, nous guide sur la route ou en randonnée, et prétend même apporter une réponse à nos questionnements les plus profonds. Le réflexe spontané de tout un chacun, face à n’importe quelle question, est de se tourner vers Google : or les réponses d’internet sont souvent loin d’être satisfaisantes, lorsqu’elles ne sont pas carrément fausses, et susceptibles d’entraîner les personnes loin de la vérité et de la saine doctrine. Forte de son enseignement, qui est celui du Christ, conservé et expliqué depuis deux millénaires, l’Eglise doit chercher comment proposer des outils adaptés à nos contemporains, pour rendre toujours plus accessible ce message de salut.
Cette intuition, qui est celle de Claves.org, est aussi celle de CatéGPT, outil d’intelligence artificielle développé par de jeunes catholiques francophones. Se fondant sur la Sainte Ecriture, l’enseignement du Magistère, des Pères et des Docteurs de l’Eglise, l’outil propose un robot capable de répondre à de nombreuses questions de manière pertinente et claire. À chaque requête, CatéGPT donne une première réponse succincte, puis développe selon chacune de ses sources : Bible, documents de l’Eglise, oeuvres des saints… Nous avons pris plaisir et intérêt à titiller le robot sur certaines questions actuelles et difficiles, en phase avec les préoccupations de nos contemporains : réincarnation, vie après la mort, nécessité du baptême pour le salut, recours à la magie et aux médecines alternatives, spiritisme et voyance… Les réponses données sont simples, claires, souvent assez satisfaisantes. Prenons donc le temps de réfléchir à l’initiative…
L’Eglise et l’intelligence artificielle
L’intelligence artificielle va-t-elle remplacer le cerveau humain, détruire nos emplois et changer le visage de nos sociétés ? Les inquiétudes sont nombreuses et légitimes, et la démarche de CatéGPT paradoxale ? Faut-il tenter d’utiliser le dernier gadget de l’homme prométhéen pour le bien de son âme ? Elevons le regard…
L’attitude catholique face au progrès technique n’a jamais été le rejet en bloc mais l’adaptation intelligente : les moyens techniques sont neutres en eux-mêmes, c’est leur usage qui est moralement bon ou mauvais. Ce fut l’opinion de Pie IX lorsque le chemin de fer fit son entrée dans notre monde, de Pie XII face aux nombreuses inventions du milieu du XXème siècle, en particulier dans le domaine des télécommunications ou de la médecine. Ainsi de l’intelligence artificielle, l’innovation de notre temps. Peut-on refuser a priori cette tentative d’organiser la masse immense de données répertoriées sur internet pour proposer un outil capable de dialoguer, de répondre et même d’aider un esprit humain ?
Nos contemporains n’ont pas définitivement abandonné les questionnements existentiels, la crise sanitaire a même réveillé chez beaucoup un nouveau désir de connaître et de comprendre. Et cependant la réponse catholique est parfois loin d’être à la hauteur du défi : sur internet la réponse catholique est peu visible et souvent mal mise en valeur. En termes commerciaux, certains diront que l’Eglise semble parfois occupée à gérer une diminution de ses actifs plutôt que de se tourner vers les nouvelles formes de demande. CatéGPT est une initiative bienvenue pour une nouvelle accroche et un soutien pour la mission.
CatéGPT : des forces, des limites
Un grand avantage de CatéGPT, : La base de données, qui est encore en cours d’enrichissement, est sûre. Le principe affiché par les concepteurs est simple : se limiter aux – nombreuses – ressources mises en ligne sur les sites officiels du Vatican. On évite ainsi le grand écueil des intelligences artificielles classiques, dont les réponses tombent parfois complètement à côté de la plaque, puisqu’elles sont tributaires de la relative fiabilité de leurs sources, et des arbitrages aléatoires de leurs algorithmes. Richesse supplémentaire : ajoutant à sa base de données les oeuvres complètes de saint Thomas d’Aquin, CatéGPT apporte aussi des réponses vraiment thomistes aux questions de ses utilisateurs.
En outre, et c’est le second bon point de CatéGPT, toutes les informations sont reliées à des documents que l’utilisateur est invité à consulter pour aller plus loin. On aura ainsi la chance de découvrir certaines références trop peu connues de l’enseignement de l’Eglise et des papes.
Ajoutons encore un élément qui nous semble de grande importance. Les outils tels que ChatGPT sont profondément représentatifs du relativisme contemporain : prétendant ne jamais aucune réponse définitive aux questions philosophiques, passant en revue les différentes opinions et croyances comme si elles étaient à placer sur un pied d’égalité, ils sont pourtant imprégnés de la pensée unique contemporaine. CatéGPT au contraire affiche la couleur : à l’instar du vieil « argument d’autorité » des anciens scolastiques, ses réponses ont pour ambition de refléter fidèlement l’enseignement de l’Eglise catholique, dont elles sont directement issues et auquel elles renvoient. Plutôt que de laisser l’homme dans le marasme des croyances modernes, l’outil le tire vers la lumière en lui indiquant la voie de la connaissance du vrai Dieu.
La démarche de CatéGPT en dépit de son caractère profondément innovant, se situe ainsi d’après nous dans un esprit profondément traditionnel, à rebours de la tentation prométhéenne moderne dont ChatGPT est le dernier avatar : il n’agit pas ici d’inventer, de créer, mais de répéter inlassablement, en ne variant que le ton, la même mélodie intemporelle de l’enseignement de l’Eglise.
Outil innovant et enthousiasmant, CatéGPT n’épouse pas pour autant les prétentions démesurées de l’intelligence artificielle : il ne s’agit pas ici de remplacer l’homme, encore moins le prêtre. Le christianisme s’appuie sur une doctrine immuable, mais il réside dans la rencontre avec une Personne humaine et divine, réalisée et actualisée à travers l’Eglise, ses ministres et ses sacrements. Ainsi le robot ne remplacera pas le contact avec le prêtre ou les autres fidèles catholiques. Il montre d’ailleurs ses limites lorsque les questions nécessitent des approfondissements théologiques complexes, ou encore lorsqu’elles font entrer en jeu des implications pastorales délicates : parmi celles dont la réponse nous a semblé courte, on relèvera notamment le difficile éclairage de la nécessité du baptême et de la foi pour le salut.
Autre limite qui nous semble importante à garder en tête : l’esprit catholique est fait d’universalité, d’adaptation mais aussi de synthèse. Le magistère, l’Ecriture, ne peuvent se lire isolément ni bribe par bribe mais dans leur ensemble, et qui plus est dans le cadre de l’Eglise. La difficulté d’un outil de traitement de données réside dans la capacité à hiérarchiser et synthétiser les innombrables informations collectées. D’autant que les textes des papes récents sont surreprésentés dans la source principale du robot (les sites internet du Vatican), et se retrouvent donc de manière parfois disproportionnée dans ses réponses. CatéGPT nous aide peut-être ici à souligner une fonction indépassable de l’esprit humain et chrétien, doué d’intelligence mais aussi d’analogie.