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Comment bien comprendre la notion ambiguë de sacerdoce commun des fidèles ? Dans l’Ancien Testament, seuls les prêtres ordonnés pouvaient offrir un sacrifice. Avec le Nouveau Testament nous sommes faits prêtres de notre propre corps et pouvons l’offrir à Dieu en un sacrifice non-sanglant, par notre vertu et notre chasteté. Les Pères de l’Église recommandent d’apporter au Christ non pas des offrandes matérielles mais nos pensées, sur l’autel de notre cœur. Par toutes ses actions, le chrétien sacrifie en permanence ses pensées et ses actions à Dieu, comme un prêtre. Cette liturgie intérieure, célébrée dans le temple de notre cœur, unifie l’homme et le tourne vers Dieu, le mettant ainsi dans une communion réelle avec ses semblables.
La garde du cœur ne consiste pas seulement dans la défense contre la tentation, elle établit au fond de notre cœur une relation personnelle avec Dieu, en laquelle nous lui offrons à chaque instant nos pensées et actions, pour qu’elles tournent à sa gloire et nous orientent toujours vers lui.
« Le bienheureux Paul appelle prêtres ceux qui, sans victimes ni sacrifices, accomplissent dans leur nature dépouillée des œuvres de piété, et offrent leur corps en libation immaculée. Victime insigne que celle de l’esprit et d’un corps chaste ! Pour cette raison, il écrit : Offrez vos corps en hostie vivante, agréable à Dieu, sacrifice spirituel (Rm 12, 1). Il s’adresse non seulement aux prêtres, mais à l’Église tout entière. En cette matière, il a ordonné à chacun d’être prêtre. Dans l’Ancien Testament, en effet, personne ne pouvait remplir les fonctions sacerdotales s’il n’était pas prêtre. Néanmoins, au temps de la Pâque, chacun était investi de la dignité sacerdotale, puisqu’il immolait la victime. Il en est de même du Nouveau Testament, qui ne sera suivi d’aucun autre : ceux qui ont le pouvoir d’offrir un sacrifice non sanglant sont prêtres. Mais chacun est ordonné prêtre de son propre corps, non point pour exercer le gouvernement des sujets, mais pour dominer ses passions et faire de son corps un temple saint et chaste[1]Isidore de Peluse, Lettre 75, « Les Pères dans la foi », n°46, Migne, 1991, pp. 115-116.».
« Ce temple (personnel) c’est la sainte maison établie par Dieu. Et l’autel c’est la table de l’espérance à l’intérieur de ce temple. Sur cette table est offerte par l’esprit la pensée première-née de chaque chose ou de toute circonstance auxquelles nous parvenons, comme un animal premier-né, comme sacrifice d’expiation de l’offrant, pourvu qu’il l’apporte sans tache.
Ce temple se trouve par-delà l’iconostase ou le Christ est entré pour nous en précurseur (He 6,20), habitant en nous depuis le baptême si nous ne sommes pas des chrétiens indignes (2Co 13,5). Ce lieu secret est l’endroit le plus intime, le plus caché, le plus pur du cœur. Si cette chambre ne s’ouvre pas par Dieu et par l’espérance raisonnée et compréhensive, nous ne pouvons pas connaître avec certitude celui qui habite en elle et nous ne pouvons pas savoir si nos sacrifices raisonnables ont été acceptés ou non. […] Une fois le cœur fervent ouvert par l’espérance susdite, le grand prêtre céleste reçoit les pensées premières-nées de l’intellect et les fait briller au feu divin, dont il a dit : “Je suis venu apporter le feu sur terre et combien je voudrais qu’il soit allumé” (Lc 12,49). Par cette liturgie intérieure se réalise aussi dans l’Église de notre être une unification entre eux de tous les mouvements et tendances de l’homme croyant, et de lui avec Dieu. Cette liturgie aide à son tour, à l’unification de chaque être humain avec les autres en Dieu, dans son activité dans le cadre de la création cosmique, en intensifiant celle de l’édifice ecclésial au sens strict, sur laquelle, par ailleurs, elle se soutient. Car un homme non unifié en soi — unification qui ne peut se réaliser qu’en Dieu — ne peut pas s’unifier non plus aux autres. » (Marc l’ascète).
Références[+]
↑1 | Isidore de Peluse, Lettre 75, « Les Pères dans la foi », n°46, Migne, 1991, pp. 115-116 |
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