Chemin de carême avec Claves.org : samedi saint
Nous arrivons au terme de la Semaine Sainte : nous sommes à quelques heures de la Résurrection. Nous touchons presque au but de notre parcours de Carême, nous n’en avons jamais été aussi près ! Néanmoins, il nous reste un bout de chemin à parcourir. Ce bout de chemin n’est autre que d’accompagner le Christ au tombeau et d’entrer dans le silence du samedi saint, de se tenir en éveil et de ressusciter avec lui !
Que se passe-t-il ? Jésus est mort : son âme et son corps sont séparés (c’est la définition même de la mort) mais sa divinité reste unie ET à son corps ET à son âme. Son corps est mis au tombeau et son âme est, disons-nous dans le Credo, « descendue aux enfers, » et non en enfer (lieu de la damnation éternelle). Les enfers, le lieu du séjour des morts (ou “Shéol” ou “Hadès”) est ce « lieu » où les âmes des justes de l’Ancien Testament attendaient de pouvoir profiter de la Rédemption apportée par Jésus, par sa mort et sa résurrection. Pâques veut dire “passage”, passage de la mort à la vie. Ce passage, Jésus le franchit et entraîne à sa suite toutes les âmes en attente du Ciel.
« Un grand silence règne aujourd’hui sur la terre, un grand silence et une grande solitude… La terre a tremblé et s’est calmée, parce que Dieu s’est endormi dans la chair, et qu’il est allé réveiller ceux qui dormaient depuis des siècles » (saint Épiphane). Le silence, nous l’avons dit mercredi, est difficile pour nous, mais nous parlions alors du silence devant les reproches injustes et même justes ; or le silence du samedi saint est un silence d’attente, qui nous est aussi difficile dans un monde de bruit permanent, incapable d’attente, car tous les désirs doivent y être satisfaits immédiatement. Pour le SAVOIR, nous avons Google, et pour l’AVOIR, nous avons Amazon ! Quant à la solitude, nous avons aussi bien du mal à l’appréhender, pour l’éviter nous avons notre smartphone qui, soit dit en passant, augmente notre solitude ! Mais nous dit Benoit XVI, « il est descendu aux enfers signifie que Dieu, s’étant fait homme, en est arrivé au point d’entrer dans la solitude extrême et absolue de l’homme, là où ne parvient aucun rayon d’amour, là où règne l’abandon total sans aucune parole de réconfort : les enfers. Jésus-Christ demeurant dans la mort, a franchi la porte de cette solitude ultime pour nous guider nous aussi dans le franchissement de cette porte, avec lui ». Le silence, la solitude sont habités par la présence de Jésus au tombeau qui rejoint l’homme au plus profond et au plus intime de lui-même.
Aujourd’hui, nous devons aussi avoir les yeux fixés sur la nuit de Pâques. Avez-vous bien regardé à quelle heure sera célébrée la vigile pascale ? L’Église nous invite à célébrer la victoire de la vie sur la mort et sur le péché et où toute la création, visible et invisible sera sauvée, restaurée, recréée ! Il y a quatre parties dans cet office : la cérémonie de la lumière avec la bénédiction du feu nouveau et du cierge pascal symbole du Christ ressuscité, l’annonce du message pascal (Exsultet), les lectures et les litanies des saints, la cérémonie de l’eau avec la bénédiction de l’eau (de Pâques) et de l’eau baptismale et la rénovation des promesses baptismales, enfin, la messe de la résurrection. Nous sommes au cœur du mystère chrétien, cette victoire de Jésus sur la mort prouvant de manière définitive sa divinité. La vigile pascale est un résumé de toute l’histoire du salut depuis l’annonce d’un sauveur après la chute jusqu’à sa venue, en passant par toute l’histoire du peuple élu, préparé pendant des siècles à recevoir son rédempteur. Le diacre chantera dans l’Exsultet « Oh inestimable amour de charité : pour racheter Samù l’esclave, vous avez livré le Fils ! Oh vraiment nécessaire péché d’Adam, qui a été détruit par la mort du Christ ! Oh heureuse faute, qui a mérité d’avoir un tel et si grand Rédempteur ! »
Pour bien finir notre Carême et aller vraiment jusqu’au bout du chemin, il nous faut encore assister à la messe du jour de Pâques ! La nuit sera courte mais notre joie sera grande de fêter pleinement, grâce et avec la liturgie de l’Église, l’événement de notre salut. L’Église nous invite à vivre de cette vie nouvelle du Ressuscité, une vie dans la grâce communiquée par l’Esprit Saint car le Ressuscité nous donne son Esprit ! Lisons l’évangile de ce soir : il nous raconte l’événement historique de la découverte par les saintes femmes du tombeau vide : s’il est vide, c’est qu’Il est ressuscité ! Alleluia Alleluia Alleluia !
