Le christianisme marque le passage d’un Dieu singulier qui s’adresse à un peuple pluriel, à l’individu face à un Dieu unique mais pluriel.
C’est ce passage que le judaïsme vétérotestamentaire a refusé.
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Grace au Christ et à la présence de l’Esprit Saint, chacun de nous peut s’approcher plus de Dieu qu’Abraham, Moïse et Jean-Baptiste réunis.
Respirer Dieu, respirer en Dieu. Par l’Esprit Saint, Dieu révèle sa nature pneumatique (du grec pneuma : esprit – Dieu est Esprit). Nous sommes quant à nous physiquement et spirituellement pneumatiques également. Cela fait partie de notre ressemblance divine. L’union de l’homme à Dieu réside dans la conjonction de ces deux pneumatismes. Les orientaux l’ont compris avec la prière du cœur, ou prière de Jésus.
C’est l’union de ces deux pneumatismes qui donne Vie en nous.
Par le baptême de la régénération, la sainte grâce nous confère deux biens, dont l’un surpasse infiniment l’autre. Elle nous octroie immédiatement le premier ; car elle nous renouvelle dans l’eau même et fait briller tous les traits de l’âme, c’est-à-dire l’image de Dieu, en effaçant en nous tous les plis du péché. Quant à l’autre, elle attend notre concours pour le produire : c’est la ressemblance. Quand donc l’intellect a commencé de goûter, dans un sentiment profond, la bonté de l’Esprit-Saint, alors nous devons savoir que la grâce commence à peindre, pour ainsi dire, la ressemblance par-dessus l’image. De même, en effet, que les peintres tracent tout d’abord avec une seule couleur l’esquisse du portrait et que, faisant fleurir peu à peu une couleur sur l’autre, ils conservent jusqu’aux cheveux mêmes l’aspect du modèle, de même aussi la grâce de Dieu commence, dans le baptême, par refaire l’image ce qu’elle était quand l’homme vint à l’existence. Puis, quand elle nous voit aspirer de tout notre vouloir à la beauté de la ressemblance et nous tenir nus et sans préoccupations dans son atelier, alors, faisant fleurir vertus sur vertus et élevant la beauté de l’âme de splendeur en splendeur, elle lui procure la marque de la ressemblance. Ainsi donc le sens intime révèle bien que nous sommes en train d’être formés à la ressemblance ; mais la perfection de celle-ci, nous ne la connaîtrons que par l’illumination. Toutes les autres vertus, en effet, l’intellect, dans son progrès, les reçoit par le sens, selon une mesure et un rythme indicibles ; mais la charité spirituelle, nul ne peut y atteindre s’il n’est illuminé en toute plénitude par le Saint-Esprit. Car si l’intellect ne reçoit parfaitement la ressemblance grâce à la divine lumière, il peut avoir à peu près toutes les autres vertus, mais il reste encore dénué de la charité parfaite. En effet, quand il a été rendu semblable à la vertu de Dieu, autant évidemment qu’il est loisible à l’homme de se rendre semblable à Dieu, alors aussi il porte la ressemblance de la divine charité. De même, en effet, que dans les portraits toutes les nuances fleuries des couleurs, ajoutées à l’image, conservent, jusqu’au sourire même, la ressemblance du modèle, de même aussi, en ceux que la grâce divine peint à la ressemblance de Dieu, l’illumination de la charité, en s’y ajoutant, révèle que l’image a totalement rejoint la beauté de la ressemblance.
(Diadoque de Photicé, Cent chapitres sur la perfection chrétienne).