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Irai-je danser ?

Photo de cottonbro studio
Vous avez reçu cette semaine une invitation (destinée à vous-même où l’un des vôtres) à rejoindre un rallye dansant à la rentrée. Laissez-moi vous donner quelques critères pour bien le choisir :

 

1. Un rallye « catholique » : universalité

Tout d’abord, choisissez un rallye catholique, c’est-à-dire (étymologiquement) : « universel ». Ce premier critère vous aidera à éliminer tous les rallyes où l’on cultive l’entre-soi.

Je sais bien que le sentiment d’appartenance est important. Ce besoin d’appartenir à un groupe se situe quelque part entre les besoins vitaux (physiologique et sécurité) et les besoins d’accomplissement (estime et épanouissement). Nous sommes ainsi faits que nous avons besoin de nous sentir d’une famille, d’un groupe. Mais expliquez-moi pourquoi ce sentiment d’appartenance devrait se fonder sur le plus petit dénominateur commun : la noblesse de la naissance, le milieu social, l’argent, toutes choses relatives… et non sur la foi et la charité ?

Dans son traité sur l’éducation des princes, saint Thomas d’Aquin pointe du doigt cette erreur « qui nous fait croire nobles à cause de la noblesse d’autrui. On n’est pas sage de la sagesse de son père (…); aussi n’est-on pas noble de la noblesse de ses parents, si on a dégénéré. Le livre de la Sagesse dit « Personne d’entre vous n’a été déshonoré avant sa naissance, ce qui a été avant nous ne peut nous être imputé, c’est le cœur qui rend noble. » […] Si on veut remonter à la cause originelle créée, on trouve que nous avons le même père et la même mère, c’est-à-dire Adam et Eve. Nous sommes donc tous également nobles, ou tous de basse naissance. »

Rappelons-nous quel était l’esprit de Jésus à ce sujet. Lui qui faisait partie du peuple élu, et qui plus est descendant du roi David par sa mère, a-t-il méprisé la samaritaine au puits de Jacob, n’a-t-il pas invité Lévi, le publicain, à le rejoindre ? Et ses apôtres, n’étaient-ils pas pour beaucoup des gens de rien ?

Renseignons-nous ! Telle jeune fille a-t-elle aussi reçu l’invitation à ce rallye ? Y serait-elle la bienvenue ? Et si non, pour quelle raison ? Serait-elle écartée uniquement pour son inconduite avérée ou pour d’autres raisons plus ou moins inavouées ?

Grande tentation de vanité que de se sentir élu, choisi, parmi d’autres !  Pensons au mal que cela fera à ces jeunes garçons ou filles, de ne pas avoir été jugées dignes de participer, parce que jugés peu gracieux ou gracieuses, « coincés », ou parce que la fortune familiale est considérée comme insuffisante pour en faire un parti intéressant…

Je suis sûr que vous ne voudriez pas faire cette peine. Choisissez donc un rallye où les seuls critères d’appartenance sont la foi et la charité.

2. Quelle danse ? : pureté

Ensuite, choisissons un rallye où la danse ne nous conduira pas en Enfer ou au Purgatoire jusqu’à la fin du monde, comme cette jeune fille de la connaissance des enfants de Fatima : la Sainte Vierge affirma qu’Amélia serait en Purgatoire jusqu’à la fin du monde. Mais sait-on pour quelle raison ? Le père Martins dos Reis fit une enquête discrète sur cette jeune fille d’environ vingt ans, morte peu avant les apparitions. Il découvrit que la pauvre Amélia était morte dans des circonstances comportant « un irrémédiable déshonneur en matière de chasteté ». Un soir, à Aljustrel, Jacinthe confia à sa mère : « Maman, (…) Notre-Dame a dit que le péché de la chair est celui qui conduit le plus d’âmes en enfer ».

Prenons-y garde, c’est sérieux. Discernons le type de danse mais aussi les partenaires avec qui l’on danse. Écoutez et retenez ce critère de Guy de Larigaudie :  « La danse est la grande joie du jeu libre de tous les muscles portés par le rythme de l’orchestre, avec tout ce qu’ajoute de grâce et de charme une présence féminine. Avec de saines et claires partenaires, elle est jeu de roi. Mais, si elle se résume en la possibilité de s’étreindre pourvu que l’on tourne, alors elle devient mauvaise et source de péché. »

« Tout est pur pour les purs ». Celui qui trouvait des joies saines dans la danse était aussi celui qui était capable de prendre sa couverture et de se coucher au pied de son lit pour dompter des pensées impures. Car il y a des pensées et des désirs mortels. La plupart des chrétiens ne savent pas ce que c’est que la vigilance chrétienne, l’esprit de prière et de mortification nécessaire pour se garantir de la corruption. Si tu ne te sens pas encore capable de cette vigilance chrétienne, de cet esprit de prière et de mortification, alors considère que « les danses sont comme les champignons, les meilleures ne valent rien. » (saint François de Sales.)

N’oublions pas qu’il existe une solidarité morale : on est solidairement responsable des péchés d’autrui si l’on a contribué par sa tenue, sa manière d’être, ses conversations à le faire déchoir de son idéal.

3. La priorité, c’est la vie intérieure : sainteté

Enfin, choisissez un rallye qui développera en vous la vie intérieure et fera fleurir une possible vocation, même religieuse ou sacerdotale. Eh oui. Prenons-y garde : la vie ne nous est donnée que pour des choses très saintes, pour avancer sans cesse du côté de Dieu. C’est le « principe et fondement » de saint Ignace de Loyola : « L’homme est créé pour louer, honorer et servir Dieu, Notre Seigneur, et par ce moyen sauver son âme »… « et les autres choses qui sont sur la terre sont créées à cause de l’homme et pour l’aider dans la poursuite de la fin que Dieu lui a marquée en le créant. D’où il suit qu’il doit en faire usage autant qu’elles le conduisent vers sa fin, et qu’il doit s’en dégager autant qu’elles l’en détournent ».

Souvent Elisabeth Catez (celle qui deviendra Sainte Elisabeth de la Trinité) participait aux soirées dansantes dans les cercles des familles militaires et bourgeoises de Dijon. Elle y fit la connaissance de beaucoup de garçons mais, au milieu des conversations et des danses joyeuses, elle restait en éveil. Les plus psychologues des jeunes gens se disaient entre eux : « Celle-là n’est pas pour nous, voyez donc ce regard ! » « Un regard tout lumineux, tout plein de l’au-delà » précisait une de ses amies.

Pensez à moi dimanche soir, vous serez bien gentille. J’irai à ma soirée, mon corps y sera, mais c’est tout car, mon cœur, qui pourrait le distraire de Celui que j’aime et, voyez-vous, je crois qu’Il sera content de m’avoir là. Demandez-Lui qu’Il soit tellement en moi qu’on le sente en s’approchant de sa pauvre petite fiancée et qu’on pense à Lui !…[1]Sainte Elisabeth de la Trinité, Lettres, n°54.

On impute souvent des vocations au scoutisme, jamais aux rallyes… à méditer.  Et s’il y a des prêtres ou des religieuses qui en ont fait partie dans leur jeunesse, n’est-ce pas plutôt qu’ils ont réussi à échapper aux éléments corrupteurs qu’ils comportent ? D’ailleurs, n’était-ce pas pour noyer la vocation religieuse d’Elisabeth que sa maman l’envoyait aux soirées dansantes ?

En conclusion : soyez vrai et honnêtes avec vous-même et vous ne vous perdrez pas.

Choisissez un rallye ou il y a un temps d’essai. Si vous constatez un de ces effets néfastes,  soyez courageux, désinscrivez-vous !

Tant que vous sentirez l’œil de l’homme modifier le fond de votre conduite, dites-vous que Dieu n’a pas la première place chez vous. Ô mon Dieu que ce soit l’expression de votre visage qui me guide et non le regard des hommes ![2]Saint Curé d’Ars.

Références

Références
1 Sainte Elisabeth de la Trinité, Lettres, n°54.
2 Saint Curé d’Ars
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